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Association de recherche Le Monde Siffle

Les siffleurs des Pyrénées

Sur le versant Français des Pyrénées les habitants du village d'Aas utilisaient le béarnais Ossalois sifflé pour communiquer à grande distance. Cette langue sifflée est aujourd'hui éteinte.
Voici un exemple de sifflement enregistré par le professeur Busnel dans les années 60.
Nous avons rencontré René Arripe chez lui à Laruns (à 3km d'Aas). Cet enfant du village et auteur du livre "Les siffleurs d'Aas" nous a confirmé que la dernière personne à savoir parler en sifflant était morte il y a 4 ans. Nous nous sommes promenés dans le village où les habitants nous l'ont confirmé:

-Bonjour Monsieur! Quelle est belle votre vallée par ce beau temps
- Adiou! Ou est ce que vous restez jeune homme?
- Dans la bergerie d'un ami au dessus d'Aste. Il n'y a plus de siffleurs au village?
- Non
- On a rencontré Monsieur Arripe dans la journée, il nous a dit cela, mais nous sommes venu photographier la plaque posée sur le mur de l'Eglise en l'honneur des siffleurs. Mais vous vous savez siffler?
- Oui, mais pas comme d'autres...

Ce qui nous a aussi interessé était de venir essayer les appareils d'enregistrement dans le contexte de la vallée où ce phénomène linguistique s'est développé. Comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous la vallée forme un véritable guide d'onde permettant d'utiliser ce mode de communication entre les paturages et le village.

Les voisins de la bergerie de notre ami Romain nous ont confirmé - comme nous l'avait déjà signalé le Professeur Cowan (cf. Mazatèques au Mexique) - que dans le Pays Basque ils avaient entendu parler de langue sifflée encore en usage. Elle donnerait même lieu à des concours annuels. Ces communications permettent de passer la frontière naturelle de la chaîne des Pyrénées.

Après vérification, nous avons appris qu'il s'agit de l'irrintzina. Un cri basque permettant d'extérioriser un sentiment. Ce phénomène acoustique vivant est très intéressant, nous irons donc prochainement rendre visite à des amis Basques.

-Adischatz! (Au revoir).

 

Le pays Basque

Le TXALAPARTA (cliquer sur le lien pour en savoir plus)

L'IRRINTZINA, cri de joie et de colère

Les bergers et tous ceux qui pratiquent la montagne basque ont utilisé l'irrintzina pour extérioriser un sentiment. Ce pouvait être la joie à la vue de la maison abandonnée depuis le début de l'estive, la douleur de la perte d'une brebis, la manifestation d'un sentiment amoureux à la pensée de la fiancée ou un hurlement de colère et de haine contre un malfaiteur. La palette des irrintzinas, jamais recensée, est infinie, comme les sentiments humains eux-même. En Euskara, irrintzina signifie hennissement à partir de la racine irri, le rire, donc un compromis parfait entre le cri de l'animal et l'expression d'un sentiment humain ! Il est peu probable que ce cri instinctif ait constitué un moyen de communication à travers la montagne ou ne direction de la vallée, bien que la longue modulation de l'irrintzina passe très bien d'un massif à l'autre grâce à son mouvement vocal à la fois lent, lourd et modulé. On sait que plusieurs peuples montagnards dans le monde ont gardé des formes de communication tout à fait atypiques mais parfaitement adaptées aux distances d'un massif à un autre. En Haut Béarn par exemple, les habitants du village d'Aas utilisaient couramment le sifflet jusqu'aux années 1950, pour se transmettre des messages complets depuis les pâturages ou les sommets alentours. Rien de tel avec l'irrintzina qui ne traduit que des sentiments.

Ceux qui l'on décrit pour l'avoir souvent entendu sur son terrain naturel, au début du XXème siècle, parlent d'un gloussement prolongé qui venait, par exemple rythmer lé début des fêtes de village. Un Anglais évoque un cri qui tient à l fois du «hennissement de cheval et du hurlement du loup pour se terminer par des chevrotements marquant les dernières notes du braiment d'un baudet». La grande voyageuse Violet Alford a observé les irrintzinas les comparant à d'autres cris de montagnards pyrénéens et elle avoue que ceux du Pays Basque sud «vous glacent moins le sang que ceux qui sont lancés du nord»…

Pierre Loti a aussi l'occasion d'écouter ce fameux cri dans la montagne labourdine : «...il s'élève, suraigu, terrifiant. Il remplit le vide et s'en va déchirer les lointains… il est parti de ces notes très hautes qui n'appartiennent d'ordinaire qu'aux femmes mais avec quelque chose de rauque et de puissant qui indique plutôt le mâle sauvage. Il a le mordant de la voix des chacals» (Ramuntcho).

Les basques possèdent aussi des flûtes dont l'usage traditionnel accompagne le théatre de rue et le chant:

Le TXISTU ressemble à une flûte ; il produit des sons très entraînants.
La musique est le plus souvent liée au chant, à la danse et à certaines formes de théâtre de rue.
Les txirülari (flûtistes souletins) accompagnent le spectacle de la pastorale, réminiscence chantée et dansée des mystères du Moyen-Age.
Les txistulari (flûtistes) ne sauraient être absents de la fête

Ainsi, jusqu'à preuve du contraire, nous n'avons pas trouvé de langue sifflée au pays basque mais des phénomènes proches pouvant permettre de mieux comprendre les langues sifflées.

 

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